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Louis se désintéresser complètement de cette direction. Sa trop grande faiblesse n’aurait pu que nuire aux intérêts de Christian.

M. Debrennes avoua :

— En effet, je ne savais pas résister aux sollicitations. Mais vous, Flavien, peut-être exagérez-vous en sens contraire…

La présidente l’interrompit :

— Non, non, pas le moins du monde ! Un chef d’industrie ne peut se permettre des sensibleries, mon cher Louis.

Ce « mon cher Louis » fut prononcé avec un accent de condescendance un peu dédaigneuse, assez habituel chez la présidente Debrennes à l’égard de son fils. Cette imposante dame au front orgueilleux, à l’âme froide et méprisante pour tout ce qui n’était pas la haute société dont elle faisait partie, avait toujours combattu chez Louis une vive tendance à l’indulgence, à la compassion pour les misères d’autrui. La vanité, en elle, le disputait à une complète sécheresse de cœur et à une ambition que seule avait pu assouvir l’union de son fils avec la fille de Jacques Douvres, l’opulent maître de forges et de Jeanne de Tarlay, dernière descendante des puissants seigneurs normands de ce nom.

Louis Debrennes n’insista pas davantage. Depuis longtemps il avait renoncé à lutter contre sa mère et Parceuil.

La belle Florine s’était rapprochée de Christian. Elle demanda d’une voix aux modulations caressantes, en le couvrant d’un regard ardent et humble à la fois :

— Viendrez-vous me donner quelques conseils pour ma peinture, ce matin ?

Il lui jeta un coup d’œil de côté. On disait, dans le monde, que les femmes les mieux douées d’aplomb ne pouvaient supporter sans baisser les yeux le