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Bien lui en prit, car Mitsi, se voyant découverte, s’était levée, bien qu’elle tremblât de fièvre et, se traînant sur ses jambes chancelantes, essayait de fuir.

À la vue de Christian, un cri s’étrangla dans sa gorge. D’un bond, il fut près d’elle, saisit sa main brûlante…

— Ne craignez rien, Mitsi ! Vous ne trouverez chez moi que respect et regret… Mais, ma pauvre enfant, dans quel état êtes-vous !

La robe de toile, trempée par la pluie, collait au corps frissonnant de la fugitive. Une fièvre ardente faisait briller les grands yeux bruns qui s’attachaient avec détresse, avec terreur sur M. de Tarlay… Mitsi balbutia :

— Laissez-moi… laissez-moi partir !

Puis elle sentit un grand vide en son cerveau, et elle s’affaissa entre les bras de Christian.

M. de Tarlay l’emporta et rejoignit le garde qui arrivait avec son cheval. Refusant l’aide de Darier, il se hâta vers le château. Son regard ne quittait guère la tête charmante qui reposait sur son épaule, ce visage pâle, altéré, qu’entouraient les boucles brillantes de la chevelure détachée. Il pensait, le cœur serré d’angoisse : « Pourvu qu’elle ne soit pas très malade, ma pauvre petite Mitsi ! »… Et pendant ces instants où il l’emportait ainsi, inerte, il comprit mieux encore la place qu’elle avait prise dans son cœur jusque-là indifférent, sceptique, fermé à tout véritable amour.

Coupant au plus court, il prit le chemin qu’avait suivi Mitsi dans sa fuite, c’est-à-dire passa par la petite porte du parc, et, par les jardins, atteignit directement l’aile gauche du château.

Dorothy, qui sortait de la chambre de Jacques, leva les bras en l’apercevant et s’écria :