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Parceuil suivit des yeux son jeune parent qui se dirigeait vers la sortie du vestibule, et le regarda se mettre en selle, puis s’éloigner à travers la cour d’honneur. Il murmura, le front barré d’un pli soucieux :

— Eh ! eh ! attention !… Ce gaillard-là a une autre perspicacité que son père, et s’il venait à se mettre cette idée-là sérieusement dans la tête !… surtout si la petite lui tient à cœur… Mais qu’est-ce qui a pu se passer entre eux, pour qu’elle se soit enfuie ainsi, et pour que lui, Christian, ait cette mine soucieuse, presque altérée ?… Hum ! il faudra que j’aille conférer de cela tout à l’heure avec Eugénie…

Christian, au grand trot de son cheval, se dirigeait vers la forêt. Pour le moment, il ne songeait plus au doute qui lui était venu à l’esprit, tout à l’heure, en se souvenant de certaines paroles de son père. Sa pensée restait tendue vers ce seul but : retrouver Mitsi, l’adorable petite Mitsi, qui s’était enfuie comme un pauvre oiseau affolé, désespéré… Après cela, que ferait-il ? Vraiment, il ne se le demandait pas.

Il s’engagea dans la forêt, en modérant l’allure de son cheval. Comme son garde, il croyait que la jeune fille avait dû se réfugier là. En ce moment, il cherchait Darier, pour savoir si celui-ci avait découvert quelque indice. Et de temps à autre, il portait à ses lèvres le sifflet d’argent qui lui servait à appeler ses gardes, quand il chassait en forêt.

Au détour d’un sentier, Darier, tout à coup, surgit devant lui, quelque peu haletant.

— J’ai trouvé la jeune fille, monsieur le vicomte… Elle était étendue près du vieux pavillon des Trois-Dames… Mais elle a refusé de venir avec moi

Déjà Christian sautait à terre. Il jeta la bride de son cheval au garde, en disant : « Suis-moi », puis il se mit à courir dans la direction du lieu, très proche de là, que venait de lui indiquer Darier.