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Celle qu’il réclame, c’est cette jeune fille que je voyais près de lui, et qu’il paraissait aimer beaucoup ?

— Oui… Elle est partie… nous ne savons pour où… Mais je la fais chercher, et j’espère qu’elle sera de nouveau aujourd’hui près de mon fils.

— C’est à souhaiter, car peut-être alors la joie qu’il en éprouverait serait-elle capable d’enrayer la crise que je redoute.

M. de Tarlay accompagna le médecin jusqu’à la cour d’entrée, où un palefrenier tenait en main le cheval du jeune châtelain. Parceuil, à ce moment, apparaissait dans le vestibule, sortant de son appartement. La présidente, en quittant son arrière-petit-fils, cette nuit-là, était venue bien vite l’informer de la grande nouvelle : la fuite de Mitsi. Le vieillard ne s’était pas couché et attendait l’instant où il pourrait voir Christian pour tenter d’avoir quelques renseignements au sujet des motifs de cette disparition. Il ne se dissimulait pas que ce serait chose difficile, quelle que fût son habileté, si M. de Tarlay avait résolu de ne rien dire. De fait, il ne reçut que cette laconique réponse :

— Je n’en sais pas plus que vous à ce sujet.

Parceuil soupira, en disant entre haut et bas :

— Hélas ! je craignais bien que nous ayons des ennuis avec cette malheureuse enfant !… Cependant, j’ai cru accomplir mon devoir en la recueillant autrefois, plutôt que de la laisser à la charité publique.

Christian le toisa d’un regard où la colère se mêlait d’ironie.

— C’était, en effet, un devoir élémentaire… et il eût été bon de le compléter en donnant par la suite à cette enfant une situation plus conforme à celle qui aurait été la sienne, si son père avait vécu.

Parceuil eut un mouvement de surprise, en jetant un coup d’œil fuyant vers son jeune parent.