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représailles, ni l’empire séducteur de M. de Tarlay, dont cependant elle avait subi la puissante influence, rien n’avait eu raison de sa conscience délicate, fière, toute pure, à laquelle les pires tourments devaient sembler préférables au déshonneur. Et Christian, constatant cette énergie morale en cet être jeune et sans protection, avait senti à la fois le respect et le remords s’introduire en lui, qui jusqu’alors n’avait voulu rechercher que la satisfaction de son caprice pour cette jolie Mitsi dont il s’était de plus en plus vivement épris, en ces derniers jours.

Ce remords, la disparition de la jeune fille venait de le rendre plus vif encore. Il s’y joignait une profonde angoisse et celle-ci révélait à M. de Tarlay que le sentiment éprouvé à l’égard de Mitsi différait fort des fantaisies qui avaient passé dans sa vie, jusqu’à ce jour. La courageuse attitude de l’orpheline ne faisait que donner plus d’ardeur à cette passion dont Christian, jusqu’alors, n’avait pas mesuré l’étendue. Il s’en apercevait aujourd’hui à cette inquiétude violente qui s’était saisie de lui, dès qu’il avait appris la fuite de Mitsi.

« Je l’aime, cette petite Mitsi… je l’aime comme un fou ! » se disait-il en continuant d’arpenter la grande pièce somptueuse où les fenêtres ouvertes laissaient entrer un air lourd, encore chargé d’orage.

Vers cinq heures, il donna l’ordre de seller son cheval, voulant, dans son anxiété, aller lui-même à la recherche de la disparue. Comme il achevait de s’habiller, on vint lui annoncer l’arrivée du docteur Leroux. Il le rejoignit près de l’enfant, toujours agité, toujours demandant Mitsi. En quittant l’appartement du petit malade, le médecin répondit au châtelain qui l’interrogeait :

— Je ne puis vous cacher, monsieur le vicomte, que je crains la méningite. Il faudrait réussir à le calmer…