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brunes que le jeune homme venait de découvrir pour saluer sa grand’mère, en lui baisant la main.

Parceuil demanda, tout en serrant à son tour cette main blanche garnie de fort belles bagues anciennes :

— Comment va Louis, ce matin ?

La présidente se détourna à demi, en jetant un coup d’œil vers la fenêtre la plus éloignée. Un homme était assis là, enfoncé dans les coussins d’une bergère. Son pâle visage creusé témoignait des ravages faits par la maladie. Dans les yeux noirs très doux, une profonde tristesse paraissait à demeure et disparut à peine pendant quelques secondes quand Christian, entrant dans le salon, vint à lui et se pencha pour lui prendre la main en demandant :

— Vous sentez-vous mieux, ce matin, mon père ?

— Non, pas mieux du tout, mon enfant.

Il enveloppait d’un regard d’ardente tendresse, où passait une lueur d’orgueil, le beau garçon élégant, d’une distinction raffinée, qui était son fils unique.

À mi-voix, répondant à l’interrogation de Parceuil, la présidente disait à ce moment même :

Il a été fort souffrant cette nuit. Marcelin a dû se lever pour lui donner de la morphine.

Puis elle se recula et entra dans le salon où la suivirent M. Parceuil et Florine.

Louis Debrennes demanda, avec un accent un peu voilé :

— Tout va bien aux forges, Flavien ?

— Mais oui, cher ami. Avec mon système, c’est-à-dire la poigne de fer, cela marche toujours, en dépit des récriminations qui, d’ailleurs, n’osent s’exprimer tout haut.

La présidente approuva, tout en reprenant place le fauteuil qu’elle occupait en face de son fils.

— Vous êtes fait pour gouverner ces gens obtus et insupportables, Flavien. Aussi ai-je vu avec plaisir