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intérieur et recevait ses hôtes ?… Oui, en vérité, Mme Debrennes estimait à sa juste valeur la situation qu’elle occupait ici, et elle tremblait que Christian, songeant quelque jour à se remarier, la détrônât ainsi, comme déjà elle l’avait été — bien peu de temps — quand la comtesse Wanzel était devenue vicomtesse de Tarlay.

Seul, le mariage de son petit-fils avec Florine pouvait permettre à Mme Debrennes de conserver cette situation à laquelle tenait si fortement son âme vaniteuse. Mais, hélas ! Christian ne manifestait pas la moindre velléité d’inclination pour son amie d’enfance, et même il ne lui témoignait plus cette attention passagère, fantasque, toujours un peu railleuse, dont il était coutumier autrefois.

Ainsi, en ce moment, il n’avait pas un regard pour elle, pour cette beauté blonde que mettait en relief la toilette élégante, d’une teinte si brillante, d’une coupe impeccable donnant toute sa valeur à une taille demeurée fort belle, en dépit d’un léger commencement d’embonpoint.

La présidente pensa avec colère :

« C’est cette misérable petite Mitsi qui l’occupe !… Ah ! comme je la traiterai de belle manière dès qu’il ne s’en souciera plus ! »

— Nous allons maintenant prendre quelque repos, mon cher Christian, dit Mme Debrennes. Cette soirée a été assez réussie, ne trouves-tu pas ?

— Mais oui, grand’mère.

La réponse tomba, brève et indifférente, des lèvres de Christian.

Florine dit vivement :

— Elle était absolument délicieuse, chère marraine ! J’ai d’ailleurs recueilli maints échos des sentiments de nos invités à cet égard.

Christian riposta avec une froide ironie :