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En même temps, elle faisait un nouvel effort pour se dégager, en détournant la tête, afin de ne plus voir ce regard qui lui donnait le vertige. Elle sentit à cet instant sur sa joue les lèvres de Christian. Alors un grand frémissement la secoua des pieds à la tête. Toute sa fierté bouillonna, emporta les autres sentiments qui essayaient de la dominer. D’un mouvement instinctif, sa main alla frapper le visage de M. de Tarlay, tandis que ce mot s’échappait de sa bouche tremblante :

— Lâche !

Subitement, elle se sentit libre… Pendant quelques secondes, ils restèrent face à face : lui, très pâle, les yeux étincelants d’une ardente colère, elle, frémissante de détresse, le regard chargé d’indignation, de souffrance, de reproche douloureux…

Puis, se détournant, elle s’enfuit du pavillon somptueux, elle descendit le degré de marbre… et là-bas, juste devant elle, dans une des allées pleines d’ombre, elle vit un groupe élégant qui se hâtait, désireux sans doute de gagner le château avant l’orage. Mitsi distingua vaguement Florine, vêtue de blanc, la majestueuse présidente… Elle vit le geste de Mlle Dubalde qui la désignait à son entourage, et entendit le rire étouffé, le rire insultant qui s’échappait du groupe. Alors, elle s’élança vers une autre allée, avide de trouver un coin solitaire pour remettre un peu de calme en son esprit désemparé, en son cœur agité de soubresauts désordonnés.

Mais elle avait à peine fait quelques pas sous le couvert qu’un homme surgit à ses côtés, lui saisit le bras en ricanant :

— Allons, je vais pouvoir maintenant clouer le bec à cette chipie de Marthe, qui prétendait si bien que vous étiez une façon de petite sainte, belle Mitsi ! Parbleu ! c’est un fameux rêve pour vous, d’avoir plu