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assez — qu’il était le maître et qu’elle n’était ici qu’une servante, bien qu’il lui eût fait retirer la tenue de son emploi.

D’un pas qui hésitait encore, elle gravit le degré de marbre et, derrière M. de Tarlay, franchit le seuil de la pièce en rotonde au plafond décoré d’admirables peintures de la Renaissance italienne. Sur le sol dallé de marbre rose étaient jetés des tapis anciens. Quelques meubles précieux, des sièges recouverts de soieries vénitiennes, des ivoires travaillés, des pièces d’argent niellé, des marbres discrètement patinés par le temps, formaient la somptueuse décoration de ce retiro où flottait une légère senteur de fin tabac mêlée à celle des roses qui couvraient extérieurement le pavillon.

Mitsi s’était arrêtée près de la porte. Christian se tourna vers elle, en disant avec un sourire nuancé d’ironie ;

— Eh bien, avancez donc, petite Mitsi… Avez-vous peur que le loup vous mange ?… Il est vrai qu’autrefois, je vous ai assez mal reçue, ici même… J’ai donc à me faire pardonner, je le reconnais très volontiers.

Ce n’était pas le souvenir de sa pénible déception d’enfant qui serrait en ce moment le cœur de Mitsi, et la faisait frémir d’angoisse… mais bien plutôt le regard d’ardente admiration qui s’attachait à elle, et que complétait si bien l’ironie caressante, infiniment séductrice du sourire.

Elle essaya de balbutier :

— Je n’étais alors qu’une petite fille indiscrète… irréfléchie…

— Que je menaçai de faire dévorer par Attila… Tandis qu’aujourd’hui, je veux orner une délicieuse petite main que j’ai fort admirée, ces temps-ci…

Tout en parlant, M. de Tarlay sortait de sa poche un écrin qu’il ouvrit, et détacha du velours sombre