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une couleur de plomb. Mitsi, instinctivement, coupa par le plus court, c’est-à-dire par une allée qui passait devant le pavillon italien où, autrefois, elle avait été si durement reçue par M. de Tarlay.

Christian, maintenant encore, y venait fréquemment. Il avait réuni là ses notes de voyage qu’il s’occupait de reviser, dans l’idée un peu vague encore de les publier quelque jour… Et précisément à l’instant où Mitsi allait passer devant le pavillon, il apparut, suivi de son dogue Attila, sur le petit péristyle de marbre, dans l’évidente intention de regagner le château avant qu’éclatât l’orage.

Une légère exclamation s’échappa de ses lèvres.

— Ah ! Mitsi !… D’où venez-vous donc, si pressée ?

— Jacques avait oublié son polichinelle, monsieur, et je viens d’aller le chercher, avant que la pluie commence.

— Vous n’aviez qu’à le laisser où il était, on en aurait acheté un autre s’il était arrivé malheur à celui-là. Vous avez pris chaud à courir ainsi par ce temps, pour satisfaire à quelque exigence de Jacques, sans doute ?

— Le pauvre petit est si éprouvé par l’orage que je n’ai pas cru devoir lui refuser cette satisfaction.

— Oui, oui… mais moi, je ne veux pas que vous vous fatiguiez. Il fallait envoyer un domestique, tout simplement.

Sans répliquer, Mitsi fit un mouvement pour continuer sa route… Mais Christian dit vivement :

— Non, venez ici, un instant. J’ai quelque chose à vous montrer.

Comme elle demeurait immobile, dominée par une pénible hésitation, M. de Tarlay répéta, cette fois d’un ton plus impératif :

— Allons, venez.

Il se souvenait en ce moment — son ton le disait