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Mitsi installait l’enfant. Puis Jacques voulut voir le dessin, et Olaüs s’entretint un moment avec la jeune fille… Après quoi il s’éloigna, respectueux et discret, n’ayant pas donné un seul instant à Mitsi une impression de gêne. Pourtant, dans le regard sérieux et doux de ces yeux bleus, elle avait vu l’intérêt, la délicate admiration qu’elle inspirait à l’ami du châtelain de Rivalles. Mais elle sentait que celui-là voyait en elle une âme, une conscience qu’il devait respecter, tandis que l’autre…

« Il faut que je parte. Dès demain, je parlerai à Marthe de mon projet, en lui demandant de me prêter la somme nécessaire pour le voyage. »

Vers trois heures, les nuées d’orage se montrèrent de nouveau et Mitsi jugea prudent de reprendre le chemin du logis, en dépit des protestations de Jacques… Mais quand l’enfant fut arrivé au château, il s’aperçut qu’il avait oublié son polichinelle près du bassin. Comme c’était son jouet favori, il se mit à pleurer, en pensant qu’il allait être mouillé, complètement détérioré par l’orage dont on entendait déjà les premiers grondements.

— Eh bien, je vais retourner vous le chercher, mon chéri, déclara Mitsi.

Dorothy fit observer :

— Vous allez vous faire mouiller, ma chère.

— Non, j’aurai certainement le temps d’être de retour avant que la pluie commence… Et ce pauvre petit a déjà les nerfs si tendus aujourd’hui qu’il vaut mieux lui donner la satisfaction de retrouver son jouet.

Courant presque, Mitsi gagna très rapidement le bassin ; mais elle dut chercher un moment le polichinelle tombé derrière un des bancs de marbre qui ornaient le rond-point… Les grondements devenaient plus fréquents, et se rapprochaient. Le ciel prenait