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charme, que séduction encore ignorante de son pouvoir. »

Le ciel chargé de nuées menaçantes toute la matinée, se découvrit après-midi, si bien que vers deux heures, Dorothy dit à sa compagne :

— Il serait bon de faire prendre l’air à Jacques. Mais ce temps d’orage m’a donné un commencement de migraine que je crains fort de voir augmenter si je sors… Peut-être cela ne vous fatiguerait-il pas trop de conduire l’enfant au jardin, pas bien loin, en cas d’un retour d’orage ?

Mitsi ne s’y sentait pas fort disposée ; mais elle voyait le petit garçon grognon, tour à tour nerveux et somnolent, et elle pensa qu’un peu de changement lui serait favorable. Elle le mit donc dans son petit fauteuil roulant et s’en alla vers les jardins, en choisissant les allées bien ombragées.

Sur le désir de Jacques, elle s’arrêta près d’un grand bassin de marbre, garni de fort belles plantes aquatiques. L’enfant aimait particulièrement ce lieu parce qu’il se plaisait à suivre les évolutions des libellules nombreuses en cet endroit… Quelqu’un se trouvait là aujourd’hui. Assis près du bassin, Olaüs Svengred reproduisait sur un album une des charmantes allées ombreuses qui aboutissaient au rond-point dont le grand miroir d’eau formait le centre.

Il se leva, salua Mitsi, adressa quelques mots affectueux à Jacques et s’informa de ses nouvelles près de la jeune fille… Voyant qu’il avait fermé son album et faisait un mouvement pour s’éloigner, Mitsi protesta :

— Mais, monsieur, ce n’est pas à vous de vous déranger ! Nous irons ailleurs, tout simplement.

— Non, certes !… D’ailleurs, j’ai presque terminé !… Quelques coups de crayon, et ce sera fait…

Sans se rasseoir, il acheva son œuvre, tandis que