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— Il ne m’a pas embrassé !

Elle murmura :

— Sans doute compte-t-il revenir vous voir plus tard.

Mais l’enfant secoua la tête. Toute sa joie était tombée. Mitsi l’entendit qui soupirait très fort, et elle pensa tristement : « Pauvre petit qui se rend si bien compte de l’indifférence paternelle !… qui sent peut-être hélas ! que son père ne vient pas ici pour lui ! »


Cette nuit-là le temps, jusqu’alors fort beau, tourna brusquement à l’orage et Mitsi, déjà fatiguée, fiévreuse, incapable de trouver le sommeil depuis plusieurs jours, se sentit au matin envahie par une pesante lassitude. Elle se leva néanmoins à l’heure habituelle, mais comme Dorothy, remarquant sa mine défaite, lui offrait de se reposer tandis qu’elle-même s’occuperait de l’enfant, la jeune fille accepta d’autant plus volontiers qu’elle craignait que M. de Tarlay vînt dès ce matin-là rendre visite à son fils.

Ce fut en effet ce qui se produisit. Christian eut la désagréable surprise de voir près de Jacques, au lieu du ravissant visage de Mitsi, la sèche figure de l’Anglaise. Il dissimula d’ailleurs assez bien sa contrariété fort vive pourtant, et se montra pour Jacques assez affectueux, lui déclarant qu’il l’emmènerait le lendemain dans sa voiture pour faire une promenade en forêt.

— Avec Mitsi ? demanda l’enfant qui palpitait de bonheur.

— Avec Mitsi, naturellement.

Un sourire d’ironie légère entr’ouvrait les lèvres de Christian, qui ajoutait en lui-même : « Avec Mitsi surtout !… Cette délicieuse petite Mitsi qui n’est que