Page:Delly - Mitsi.pdf/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’aurai trouvé du travail, que mes bonnes sœurs réussiront sans doute à me procurer. »

Mais bien qu’un peu rassurée par cette idée, elle avait l’âme encore lourde d’angoisse tandis que vers le début de l’après-midi, elle s’en allait avec Jacques dans la victoria qui les emmenait en promenade. Sur le désir du petit garçon, auquel Dorothy n’avait rien trouvé à redire, ils se rendaient chez la mère de Marthe, dont l’humble logis était situé à une courte distance des forges… Là, ils s’attardèrent un peu, Jacques prenant plaisir à voir le ravissement des enfants, devant les jouets à peine défraîchis qu’il avait apportés à leur intention. Son visage était presque rosé par le contentement, quand il remonta en voiture après avoir déclaré qu’il reviendrait, et qu’il apporterait « des choses très bonnes ». Pendant le retour, il s’assoupit un peu entre les bras de Mitsi… La jeune fille le considérait avec une émotion mêlée d’anxiété. Elle aimait ce pauvre enfant, si délaissé au milieu de l’opulence qui l’entourait. Au cas où elle serait obligée de quitter Rivalles, le chagrin qu’il en éprouverait ne serait-il pas fatal à ce frêle organisme ?

Comme la victoria, qui avançait au petit trot, atteignait presque la grille de la cour d’honneur, elle fut rejointe par un phaéton mené à grande allure. M. de Tarlay, qui conduisait, ralentit ses ardents trotteurs et, levant son chapeau, dit gaiement :

— Bonjour, Mitsi ! Bonjour, mon petit Jacques !… Tu m’as l’air bien endormi !

L’enfant, subitement réveillé au son de cette voix, se souleva sur les genoux de Mitsi avec une légère exclamation de joie !

— Papa !

Il tendait instinctivement vers lui ses petits bras