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qui accentua encore leur ressemblance avec ceux de son père.

— Pourquoi vient-il ici ?… Je le déteste !

— Voulez-vous bien ne pas parler ainsi de ce parent que vous devez respecter, à cause de son âge !

Mais Jacques secoua ses boucles brunes en répétant avec colère :

— Je le déteste !… je le déteste !…

Et, saisissant la main de Mitsi, il y appliqua ses petites lèvres toujours un peu fiévreuses en murmurant :

— Toi, je t’aime bien !… Et papa aussi… Papa et toi… Il va revenir, Mitsi ! Je suis si content… et toi aussi, dis ?

Elle ne répondit pas. Sa main un peu tremblante se leva, caressa les cheveux de l’enfant… Contente ? Pauvre Mitsi ! À la nouvelle annoncée par M. Parceuil, elle avait senti son cœur se serrer à l’étouffer. Il faudrait donc le revoir bientôt, celui qui l’effrayait tant ! Il faudrait rencontrer à nouveau ce regard qui la faisait frissonner jusqu’au fond de l’être, qui jetait en elle une sorte de vertige… À cette pensée, elle se sentait défaillir d’effroi. Mais à qui demander protection ? Moins que jamais, elle aurait songé dans ce but à Parceuil, depuis qu’elle l’avait revu, si plein de morgue à son égard, et visiblement sans bienveillance… Seule, une solution lui paraissait possible : le retour au couvent où elle venait de passer cinq années. Là-bas, elle écrirait à celui qui était son tuteur pour lui exposer sa situation et lui demander de la laisser libre de gagner sa vie comme elle l’entendrait. Mais pour ce départ, qu’elle devrait garder secret, il lui fallait de l’argent, et elle n’en avait pas à sa disposition.

« Marthe pourra peut-être me prêter la somme nécessaire, songea-t-elle. Je la lui rendrai dès que