Page:Delly - Mitsi.pdf/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, monsieur, je suis Mitsi Vrodno.

— Ah ! Ah !… J’espère que vous ne nous ferez pas repentir, Mme la présidente et moi, de nous être occupés de vous, alors que nous pouvions très bien vous laisser à la misère, à l’abandon, seul avenir qui attendît une créature sans famille comme vous.

Mitsi pensa : « Je devrais le remercier… lui dire que je suis reconnaissante… Et je ne peux pas… je ne peux pas. Cet homme m’inspire une sorte de répulsion… il me semble qu’il est mon ennemi. »

Elle réussit pourtant à répliquer :

— Je ne l’oublierai pas, croyez-le, monsieur.

Il la couvrait d’un regard aigu, investigateur, qui lui donnait à la fois un malaise et une sourde irritation… Puis il fit observer d’un ton de narquoise malveillance, en désignant l’enfant qui continuait de détourner obstinément les yeux :

— Je vous conseille de donner des leçons de politesse à ce jeune monsieur. Je ne ferai pas compliment de lui à son père qui doit revenir cet après-midi.

Jacques eut un vif mouvement et, cette fois, regarda le vieillard.

— Papa revient ?… Que je suis content !… Et ça m’est égal, ce que vous lui direz.

Parceuil ricana :

— Charmant !… charmant !

Et, tournant les talons, il quitta la pièce sans daigner adresser à Mitsi le moindre signe de politesse.

Marthe s’était éclipsée dès son apparition. Mitsi se trouvait seule avec l’enfant… Elle dit sévèrement :

— M. Parceuil a bien raison, Jacques ; vous vous êtes très mal conduit à son égard.

Dans les yeux bleus de l’enfant passa un éclair