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— J’aime mieux ma Mitsi comme ça qu’avec son bonnet.

L’enfant était assez en train ce matin et tourmenta Mitsi pour qu’elle promît de le conduire dans l’après-midi chez la mère de Marthe.

— Nous verrons ce qu’en dira Dorothy, mon chéri, répondit-elle. Peut-être vaudra-t-il mieux que nous en demandions la permission à votre papa ou à votre grand’mère.

— Papa n’est pas là… et je ne veux pas qu’on demande à grand’mère, dit l’enfant avec une petite moue de colère.

Comme Mitsi commençait une douce gronderie, un pas glissa sur le dallage de marbre, une grande silhouette apparut au seuil d’une porte-fenêtre.

Bien qu’elle ne l’eût pas revu depuis cinq ans, Mitsi reconnut aussitôt en ce vieillard toujours droit et de belle allure M. Flavien Parceuil.

Tandis que Marthe et elle se levaient, il s’avança vers l’enfant, dont le visage se renfrognait à sa vue.

— Bonjour, monsieur Jacquot… Eh ! tu n’as pas mauvaise mine, ce matin.

En parlant ainsi d’un ton de bonhomie affectée, il prenait dans sa main sèche le menton de Jacques.

Le petit garçon tourna brusquement la tête, en glissant vers le visiteur un coup d’œil hostile.

— Tu fais la mauvaise tête ?… Voilà un enfant bien élevé, en vérité ! Je ne puis en faire compliment à celles qui s’occupent de son éducation !

Parceuil se détournait pour considérer Mitsi, à qui jusqu’alors il tournait le dos. La jeune fille rougit sous le malveillant regard qui s’attachait à elle… Parceuil dit sèchement :

— Vous êtes sans doute cette fameuse Mitsi dont Jacques s’est si bien entiché ?

Elle répondit avec une tranquille dignité :