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Flavien Parceuil, de son côté, trouvait cette situation fort à son gré. Il y avait en cet homme un besoin de domination, ou plutôt de tyrannie qu’il pouvait assouvir dans la direction dont Christian lui abandonnait l’entière responsabilité.

Laissant de côté le chemin qui menait aux forges, les promeneurs s’engageaient dans la magnifique allée de hêtres au bout de laquelle se dressait une grille immense, chef-d’œuvre de ferronnerie. Au delà s’étendait une cour d’imposantes proportions. À droite et à gauche, des bosquets touffus dissimulaient communs et écuries. En face, dans la chaude lumière de juin, apparaissait un délicieux petit palais dans le style du xviie siècle, décoré de marbre rose et formant un corps de logis principal avec deux ailes en retour.

Comme l’amazone et les cavaliers allaient atteindre la grille, ils dépassèrent une femme et une petite fille qui marchaient d’un pas lassé. La femme était grande, forte, d’aspect commun, vêtue en campagnarde endimanchée. La petite fille portait une robe mal faite, d’étoffe grossière, qui engonçait complètement son frêle petit corps. Un affreux chapeau de paille brune, garni d’un ruban fané, s’enfonçait jusqu’à ses yeux, cachant ainsi presque tout son visage menu et très brun. Elle portait un sac qui paraissait assez lourd et sa compagne avait au bras un pesant cabas. Au moment où le cheval de Florine passait près d’elle, il se cabra, recula et la renversa. Un cri d’effroi s’échappa des lèvres de la femme. Christian, qui se trouvait en avant de ses compagnons, se détourna et demanda vivement :

— Eh bien qu’y a-t-il ? Cette enfant est-elle blessée ?

Mais déjà elle se relevait, en disant d’une voix tremblante :