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femme insignifiante, vaniteuse, désolée que Christian n’eût pour elle que de l’indifférence. Quant à Florine, la vue de cette rivale l’exaspérait. Tandis qu’elle dirigeait vers elle des regards sournoisement haineux, il lui venait l’envie féroce de déchirer avec ses ongles ce délicieux visage, d’aveugler à jamais ces yeux incomparables, de meurtrir ces lèvres charmantes dont le sourire devait avoir tant de séduction.

Sa colère jalouse augmenta encore, en remarquant les coups d’œil fort intéressés que jetait vers Mitsi Thibaut de Montrec et les regards discrets, mais pleins de sympathie respectueuse, du Suédois. Un irrésistible désir d’humilier l’orpheline s’empara d’elle… En se penchant pour embrasser l’enfant, tandis que les deux autres dames se retiraient, Mlle Dubalde laissa tomber le mouchoir de dentelles qu’elle tenait à la main. Alors, se tournant à demi vers Mitsi, elle ordonna avec une intonation pleine d’insolence :

— Ramassez-moi cela.

Une vive rougeur couvrit le visage de Mitsi… Mais instantanément, Svengred s’avançait, ramassait le petit carré de batiste et le tendait à Florine. Puis, s’inclinant profondément dans la direction de Mitsi, il quitta la pièce, suivi de Thibaut qui, lui aussi, avait salué la jeune fille, avec plus de désinvolture toutefois.

Florine avait blêmi de rage. Tournant les talons elle sortit à son tour, dans un frou-frou de jupes soyeuses. Dorothy s’éloigna pour aller chercher une potion que devait prendre Jacques, et Mitsi se trouva seule avec l’enfant.

Il l’appela près de lui, appuya câlinement sa joue contre la sienne et murmura, d’une voix que la joie oppressait :