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visibles sur son expressive physionomie. En se penchant vers elle, il dit à mi-voix, avec une intonation caressante :

— Ma jolie petite Mitsi, je réparerai l’injustice dont vous êtes l’objet. Ne vous faites pas désormais de souci, car vous êtes sous ma protection.

Elle recula un peu, et ses yeux se baissèrent, à la fois éblouis et pleins d’angoisse, sous le regard amoureux et volontaire qui disait hardiment et clairement : « Tu es à moi ».

Dominant son violent émoi, elle réussit à répliquer sans que sa voix tremblât trop :

— Il n’y a pas d’injustice, monsieur le vicomte. Du moment où la preuve d’une union légitime n’a pu être obtenue, la famille de mon père est excusable de ne pas m’accueillir parmi elle.

— Entre cela et la situation que l’on vous a faite, il existait des solutions intermédiaires que mon cousin Parceuil a eu grand tort de négliger. Mais, je le répète, j’y remédierai sans tarder.

À cet instant, Dorothy apparut, au grand soulagement de Mitsi. Profitant de ce que M. de Tarlay adressait la parole à la gouvernante, la jeune fille s’éclipsa et gagna sa chambre, où elle demeura un long moment. Quand elle reparut sur la terrasse, Christian ne s’y trouvait plus. Mais presque aussitôt apparaissaient la présidente, Florine et Mme de Montrec, jeune femme très élégante et assez hautaine. M. de Montrec et Olaüs Svengred les accompagnaient. Mitsi se retira à l’écart, tandis que les trois dames entouraient Jacques, non sans jeter vers la jeune gouvernante des coups d’œil sans bienveillance. Mme de Montrec, par sa femme de chambre qui lui rapportait les bavardages de l’office, connaissait la nouvelle fantaisie du vicomte de Tarlay. La beauté de Mitsi, dûment constatée par elle, irritait sa jalousie de