Page:Delly - Mitsi.pdf/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mère malade, et puis un petit neveu et pas d’argent pour les soigner. Alors, je lui ai dit que c’était vous le maître et qu’il fallait qu’elle vous demande de reprendre ses frères. Mais Mitsi a répondu que vous ne vous occupiez pas de ces choses-là…

— En effet. Mais à l’occasion, s’il me plaisait de le faire…

Son regard s’arrêtait un instant avec une souriante complaisance sur Mitsi, qui se tenait toute raidie, les paupières baissées, près du fauteuil de l’enfant ; puis il effleura le visage rouge et altéré de Marthe. Celle-ci était une inconnue pour M. de Tarlay, comme plusieurs des nombreux serviteurs qui constituaient le personnel employé à son service et à celui de son entourage. Aussi s’informa-t-il à son sujet, en s’adressant à Mitsi, qui dut cette fois lever les yeux pour lui répondre. Elle fit, en quelques mots, un chaleureux éloge de celle qui était sa seule amie en cette demeure. Jacques, dont la tête s’appuyait contre l’épaule de son père, regardait celui-ci d’un air suppliant… Christian se mit rire en disant :

— Eh bien, pour contenter Mitsi et toi, mon petit Jacques, je ferai réintégrer dans leur emploi les frères de cette jeune personne. Donnez-moi leurs noms, Marthe, et dès ce soir, je m’occuperai d’eux.

Interrompant du geste les remerciements balbutiés par la lingère, il remonta les degrés de la terrasse, avec Jacques entre ses bras. Timidement, l’enfant appuya ses lèvres contre la joue paternelle, en murmurant :

— Merci, papa !

Le regard de Christian, adouci par une nuance d’émotion, s’abaissa vers le pâle petit visage.

— Tu as bien fait de me signaler cela, mon cher enfant. Je déteste l’injustice, et au cas où il y en aurait ici, je veux qu’elle soit réparée.