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cachaient fréquemment sous de molles paupières flétries par l’âge.

Le second cavalier n’était autre que Christian Debrennes, vicomte de Tarlay, maître et seigneur non seulement des importantes forges de Rivalles et du Château Rose, mais encore d’une grande partie du pays, fort loin à la ronde.

Le beau Tarlay, comme on l’appelait à Paris et dans tous les endroits à la mode. Il venait d’atteindre ses vingt-trois ans. Cinq ans auparavant, en 1870, il s’était engagé, avait combattu avec une ardente bravoure. Puis, la guerre finie, il avait repris ses études qu’il menait brillamment, la nature l’ayant doué d’une rare intelligence et d’une extrême facilité. Il commençait alors de s’occuper des forges dont son père, toujours malade, laissait la direction à Parceuil, leur parent éloigné. Mais bientôt, le jeune homme n’avait plus guère songé qu’à l’existence mondaine qui lui réservait des succès bien faits pour flatter son orgueil. Adulé chez lui et au dehors, disposant d’une fortune presque sans limites, puisque chaque année les forges prenaient plus d’importance, il était devenu le plus parfait égoïste du monde, n’ayant souci que de satisfaire sa volonté fantasque et ses désirs impérieux.

Ce n’était pas sa grand’mère paternelle, la présidente Debrennes, qui aurait cherché à le détourner de cette voie. Christian, descendant par son aïeule maternelle de la très noble race des vicomtes de Tarlay, et par son grand-père Jacques Douvres, d’une opulente famille de la vieille bourgeoisie d’Île-de-France, avait, assurait-elle, mieux à faire que de diriger par lui-même ces forges qu’il avait plu au dit grand-père, homme d’une activité dévorante, d’établir dans ce pays, près du château de Rivalles, bâti par les Tarlay au cours du xviie siècle.