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Avec vivacité, la présidente approuva :

— Certes, certes ! Vous le remplacez d’ailleurs admirablement, mon bon Flavien !

Mitsi avait accueilli sans joie, et même avec un petit tremblement intérieur, les instructions de M. de Tarlay à son sujet, qui lui étaient communiquées par Léonie. L’intérêt trop significatif dont elle était l’objet l’effrayait de plus en plus. Mais comment s’y soustraire ? Vainement, elle en cherchait le moyen… Elle se sentait, dans cette somptueuse demeure, complètement isolée, sans défense. Marthe, la lingère, était la seule personne qui lui témoignât de la sympathie. Mais la pauvre fille ne pouvait rien pour elle — d’autant moins qu’elle-même ne se trouvait pas dans les bonnes grâces de Léonie et tremblait chaque jour d’être renvoyée par l’omnipotente femme de charge… D’ailleurs Mitsi, presque constamment occupée près de Jacques depuis son arrivée à Rivalles, l’avait très peu vue, pendant de courts instants, quand, un dimanche, deux jours après le changement survenu dans sa nouvelle situation, elle la rencontra au retour d’une promenade qu’elle faisait faire à l’enfant aux alentours du château, dans son fauteuil roulant.

La mine altérée, les yeux rouges de la lingère la frappèrent aussitôt.

— Qu’avez-vous, ma bonne Marthe ?… Est-il arrivé quelque chose chez vous ?

— Hélas, oui ! Mes frères ont été renvoyés hier soir des forges, sans motif, simplement parce que le contremaître veut les remplacer par deux de ses créatures. Et cet homme est lui-même un protégé de M. Parceuil, qu’il flatte à outrance.

Marthe essuya ses yeux pleins de larmes, en ajoutant :

— Il va falloir qu’ils partent d’ici, car en dehors