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Léonie laisserait enfin déborder sa haine et accablerait de son mépris la misérable petite créature dont la fière dignité l’exaspérait !

Mme Debrennes et Florine, quand elles apprirent la décision de Christian, ne furent pas moins irritées que la femme de charge, Mlle Dubalde par jalousie, la présidente pour d’autres motifs qu’elle exposa le lendemain matin à Parceuil, mandé en son appartement.

— C’est un danger, cela, mon cher ami, un réel danger. Voyez-vous que Christian, épris de cette petite, cherche à obtenir des précisions sur son origine ?…

Parceuil, dont la physionomie s’était un moment assombrie, répliqua après un moment de réflexion :

— Non, rien à craindre de ce côté. Tout d’abord, il n’y a pas lieu de supposer que Christian, tel que nous le connaissons, aura jamais souci de faire des recherches à ce sujet. La jeune personne lui plaît, il contentera son caprice, sans s’inquiéter le moins du monde si les prétentions d’Ilka Vrodno étaient légitimes ou non. De cela, vous pommez être certaine, ma chère Eugénie !… Mais en admettant un instant cette préoccupation invraisemblable de sa part, à quoi aboutirait-il ? Comment, dans une ville comme Vienne, trouver la preuve d’un fait dont il n’existe qu’un témoin, perdu dans la foule anonyme ? Comment, dans toute l’Autriche, trouver le lieu inconnu, caché dans les bois, où cette preuve irrécusable existe ?

— Avec de l’or, on peut beaucoup. Mais enfin, je pense comme vous qu’étant donné le caractère de Christian, l’éventualité d’une telle recherche est bien peu à craindre.

Ils gardèrent un moment le silence, tous deux songeurs. Puis la présidente dit à mi-voix :