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nous-mêmes, quand vous serez un peu apprivoisée, Mitsi.

Il se leva d’un mouvement souple et nonchalant, en ajoutant :

— Allons, Olaüs, il faut aller faire acte de présence au thé de ma grand’mère. Pourtant ce berceau de roses est délicieux, et je m’y attarderais volontiers.

Son sourire, son regard dirigé vers Mitsi disaient clairement la raison de cet attrait… Après un baiser distrait à son fils, un amical signe de tête à l’intention de la jeune fille, il s’éloigna en compagnie du Suédois, qui avait adressé à Mitsi le même respectueux salut qu’à l’arrivée.

Au tournant de l’allée, Christian demanda gaiement :

— Que dis-tu de cette petite merveille, mon cher ? Ravissante, n’est-ce pas ?… J’en suis déjà positivement amoureux, en vérité !

Olaüs Svengred tourna vers son ami un regard sérieux, presque sévère.

— Je veux croire que tu réfléchiras avant de commettre cette mauvaise action, Christian ? Car ce serait odieux de profiter de l’isolement, du malheur de cette enfant, pour en faire une victime de ton caprice.

Svengred était le seul être dont M. de Tarlay acceptât parfois quelques critiques. Mais cette fois, il fronça les sourcils, en ripostant avec une sécheresse ironique :

— Voilà encore de tes grands mots, Caton le censeur ! Une mauvaise action ! Rien que ça !… Parce que j’aurai donné à cette jolie Mitsi le moyen de sortir de la situation misérable où l’ont mise ma grand’mère et Parceuil ! Mais, mon bon, réfléchis donc qu’elle est fatalement destinée à cela. Sa mère était ballerine dans quelque théâtre viennois de troisième ordre, et, d’après les renseignements obtenus