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train, de séduction, et plus mondain que jamais. La douce et amoureuse Gisèle paraissait tout à fait oubliée, et l’enfant qu’elle avait donné à Christian demeurait incapable de faire vibrer ce cœur glacé par l’égoïsme et les adulations.

M. de Tarlay, après un instant de silence pendant lequel il considéra avec le plus vif intérêt le délicat profil de Mitsi, se pencha vers la jeune fille, presque jusqu’à toucher de ses boucles brunes le petit bonnet de mousseline.

— Chantez-nous quelque chose, pour que mon ami juge de la beauté de votre voix.

La rougeur se fit brûlante, sur le visage charmant. Mitsi balbutia ;

— Je ne pourrais pas, monsieur…

Christian répéta d’un ton moqueur :

— Je ne pourrais pas, monsieur… Est-ce donc que nous vous faisons peur, mon joli petit rossignol ?

Ses yeux souriants, ironiques, et dégageant de chaudes caresses, cherchaient les yeux de Mitsi, qui essayaient de se dérober sous leurs paupières frémissantes. Et ce regard de pauvre petit oiseau inquiet, apeuré, fuyant la fascination, amenait un sourire amusé, un peu railleur, sur les lèvres de Christian.

Svengred, dont le front se plissait, dit avec quelque vivacité :

— Ne tourmente pas Mlle Mitsi, mon cher ami. Je comprends fort bien qu’il lui paraisse difficile de chanter ainsi devant des étrangers.

Jacques intervint, d’un petit ton impératif :

— Mitsi, chante rien que pour moi !

M. de Tarlay se mit à rire.

— Ah ! tu crois cela, mon garçon ? Peste, tu n’es pas peu gourmand ! Une voix pareille, qui ferait courir tout Paris et toute l’Europe ! Non, non, nous la ferons entendre à d’autres… et nous en jouirons