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ses nombreux loisirs, n’aura pas trouvé le moyen de confectionner elle-même un seul de ces vêtements. Mais c’est la charité mondaine, cela, et jusqu’ici, dans mon entourage, je n’en ai guère connu d’autre.

Olaüs Svengred fit observer :

— Si, mon cher ami, tu as connu celle de ta femme.

— Oui, c’est vrai, Gisèle était réellement, sérieusement charitable. Elle savait donner de sa personne et faire le bien discrètement, sans fla-fla, sans distributions solennelles, discours, louanges et dithyrambes. Pauvre Gisèle, elle m’a laissé une liste de ses pauvres, avec prière de leur continuer quelques secours après sa mort.

Dans la voix de Christian, mordante tout à l’heure, passait une émotion légère. Mitsi, à cet instant, évoqua le visage sans beauté de la comtesse Wanzel, ses yeux très doux qui s’étaient arrêtés avec bienveillance sur la petite étrangère que tous, à Rivalles, dédaignaient ou méprisaient. Elle savait, par Marthe, que la jeune femme était en effet bonne et charmante, dépourvue de cette morgue, de ces exigences vaniteuses qui rendaient si déplaisante pour ses inférieurs la présidente Debrennes. Fort amoureuse de son mari, elle avait paru très heureuse, pendant sa courte union. Quant à M. de Tarlay, si, comme on le supposait, il ne répondait qu’imparfaitement à des sentiments aussi ardents, nul n’avait jamais pu méconnaître qu’il fût un époux courtois, sachant entourer sa femme d’attentions discrètes et rendant fréquemment justice à ses grandes qualités de cœur — ainsi qu’il venait de le faire encore à ce moment même.

Néanmoins, son veuvage ne lui avait guère pesé, disait-on. Après quelques semaines de solitude dans un de ses domaines du Nord, il était parti pour un voyage en Algérie, d’où il était revenu plein d’en-