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tait… Par un effort de volonté, elle domina son émoi et se leva, en subalterne bien apprise.

Une voix impérieuse et gaie s’éleva, ordonnant :

— Restez assise, ma petite Mitsi. Je ne veux pas que vous vous considériez comme une servante, bien qu’on ait eu l’idée baroque de vous en donner le costume, avec lequel d’ailleurs vous n’êtes pas moins charmante.

À ces paroles, et sous le regard qui les accompagnait, Mitsi sentit que le sang affluait à son visage. Elle s’assit machinalement, tandis que Christian s’approchait de son fils et lui caressait la joue en disant :

— Eh bien ! te voilà remis de ta grosse émotion, mon petit ?

Olaüs, lui, se pencha pour embrasser l’enfant. Il avait auparavant respectueusement salué Mitsi et, quand il eut pris place sur le fauteuil de rotin que lui désignait M. de Tarlay, ses yeux bleus, doux et sérieux, s’attachèrent sur la jeune fille avec une expression où l’intérêt, l’admiration se mêlaient de tristesse, d’une sorte de pitié.

Christian s’était assis sur le banc, près de Mitsi. Il s’empara du tricot qu’elle avait laissé tomber sur ses genoux et demanda :

— Que faites-vous là, jeune travailleuse ?… Un gilet, ce me semble ?

— Oui, monsieur, un gilet pour les vieillards de l’asile Saint-Joseph.

— L’asile dont ma grand’mère est dame patronnesse… C’est elle, sans doute, qui vous a chargée de ce travail ?

— C’est Mme Léonie, par son ordre, je le suppose.

Christian eut un sourire moqueur.

— Oui, il y aura grande fête à l’asile, grande distribution d’objets divers, à la fin de notre séjour ici. On exaltera la généreuse bienfaitrice qui, en dépit de