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d’un blond jaunâtre, ornés de peignes en clinquant. La fillette qui se trouvait près de Mitsi avait dit au passage, en poussant le coude de sa compagne :

— Ça doit être très amusant, dis, de danser comme ça ?… Moi, quand je serai grande, je me ferai danseuse !

Mitsi n’avait rien répliqué. En son âme enfantine, une douloureuse clarté venait de s’introduire. Cette femme peinte, fardée, à peine vêtue, qui s’offrait en spectacle à la foule, c’était une danseuse… Alors, sa mère…

Bien des fois, par la suite, cette pensée avait tourmenté la pauvre enfant. Et depuis qu’elle réfléchissait davantage, elle s’était demandé souvent avec angoisse : « A-t-on vraiment le droit de mépriser ma mère ? »

Si elle savait bien peu de chose de cette mère si tôt disparue, Mitsi ignorait tout de son père. Là existait pour elle l’ombre complète, un mystère absolu. Et celui-ci, qui l’avait peu préoccupée en son enfance, commençait maintenant de l’intriguer douloureusement.

Elle s’absorbait dans ces pénibles pensées, tandis que ses doigts maniaient distraitement les aiguilles. Assis dans son petit fauteuil roulant garni de coussins, Jacques jouait avec un polichinelle. Il eut tout à coup un petit soupir de satisfaction et annonça de sa voix un peu lente :

— Voilà papa, avec son ami, M. Olaüs.

Mitsi tressaillit légèrement et un peu de rougeur monta à son visage pâli par les soucis qui la tourmentaient depuis quelques jours.

M. de Tarlay et Olaüs Svengred s’avançaient en effet dans l’allée conduisant au berceau de roses. Déjà, Mitsi sentait sur elle le regard qu’elle redou-