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— Tu as prononcé tout à l’heure le nom de Mitsi… Je me souviens d’une petite fille qui se trouvait ici autrefois, et qui portait ce nom. Elle avait une physionomie charmante, des yeux admirables…

— Qui le sont aujourd’hui plus que jamais. Mitsi est une créature ravissante, mon cher ami… et je t’avoue qu’elle me plaît infiniment.

— Quelle situation occupe-t-elle ici ?

— Elle est la bonne de mon fils — c’est-à-dire la servante de la gouvernante. St tu la voyais, tu jugerais comme moi qu’elle n’est pas faite pour ce rôle — bien loin de là. Tout en elle est finesse, distinction, grâce délicate. Mais je réparerai les injustices du sort — et les erreurs de ma grand’mère.

Sur ces mots, accompagnés d’un sourire de légère raillerie, Christian prit congé de son ami et gagna son appartement. Là, il donna l’ordre d’aller prévenir Léonie qu’elle vînt lui parler.

Quand la femme de charge entra dans le cabinet de travail qui ouvrait ses trois fenêtres sur la terrasse, M. de Tarlay, assis près de son bureau, allumait une cigarette. Tandis que Léonie s’inclinait aussi profondément que le lui permettait son embonpoint, il demanda :

— Est-il exact que Mitsi a été retirée du service de M. Jacques ?

— C’est exact, monsieur le vicomte. Mme la présidente a jugé qu’étant très habile lingère, elle serait plus utile dans cet emploi…

— Et pour cela, on l’enlève du jour au lendemain à un enfant malade, qu’elle a soigné avec un grand dévouement ?… Eh bien, voici mes ordres : Mitsi va revenir près de mon fils, non pas demain, non pas cet après-midi, mais à l’instant même, et elle y restera… tant que je ne donnerai pas d’ordres contraires.