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LES DEUX FRATERNITÉS

d’un ouvrier aux vêtements déchirés, au visage contusionné.

— Monsieur Pierret !… Qu’y a-t-il ? s’écria-t-elle avec terreur.

— Madame, Mariey, c’est votre mari… il est blessé !…

— Blessé !… Où est-il ?

Et ses mains se crispaient sur le bras de l’ouvrier.

— À l’hôpital Beaujon, madame Mariey. Allons, ne vous effrayez pas trop, il faut espérer qu’il en reviendra.

Micheline tourna vers Mlle Césarine son visage tout à coup décomposé, elle dit d’une voix un peu rauque :

— Je vais là-bas. Est-ce que vous pourrez vous occuper des enfants ?

— Oui, oui, ne vous inquiétez de rien, ma pauvre petite fille ! Allez, allez, mon enfant ! dit Mlle Césarine en lui pressant les mains, tandis que des larmes coulaient sur ses joues flétries à la vue de la douleur peinte sur la physionomie de la jeune femme.

Dans son lit d’hôpital, Cyprien était étendu, la tête bandée, les yeux clos. Un interne venait de s’arrêter près de lui, et échangeait avec l’infirmière un regard qui disait clairement : il n’y a rien à faire.

Quelqu’un s’approchait… une jeune femme modestement vêtue, pâle, le regard angoissé. Elle s’arrêta devant le blessé ; ses yeux pleins d’effroi et de douleur se posèrent sur le visage