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LES DEUX FRATERNITÉS

produit l’effet attendu. Ce misérable Cyprien ! Si je le tenais !


— Canaille ! dit Zélie avec colère.

— Et puis, songe que pareille aventure peut encore m’arriver d’un moment à l’autre ! Ce marquis a l’air d’un homme fameusement résolu et qui n’a pas froid aux yeux. Quant à Cyprien, il est certainement furieux de me voir riche, tandis que lui est resté dans la misère… Il faut absolument que je trouve un moyen…

Et, appuyant son front sur sa main, Prosper réfléchit longuement.

— J’ai trouvé ! s’écria-t-il tout à coup. Il y a, parmi mes admirateurs, un jeune ouvrier du nom d’Eugène Labouret ; j’en ferai ce que je voudrai… avec de l’argent surtout. C’est lui qui a donné aujourd’hui le signal des cris et des sifflets destinés à couvrir la voix des interrupteurs gênants. Je l’attacherai à ma personne et il me rendra le même service dans toutes mes conférences. Comme cela, ce sera plus sûr.

— Oui, mais à la Chambre ? Il est probable que ces gens-là ne garderont pas la chose pour eux, et alors, si un député de l’opposition, en pleine séance, te lance au nez…

— Oui, oui, j’ai bien pensé à ça ! Et là, pas moyen de le faire taire. Mais cela n’aurait pas un très grand inconvénient. Mes collègues du parti ne me verraient pas d’un plus mauvais œil, pour la simple raison qu’ils sont tous pénétrés des mêmes sentiments que moi. Va donc demander à Vullier, l’archimillionnaire, de partager avec