voyant aller à cette conférence, crainte des horions. Elle avait un peu raison, mais enfin, ça s’est bien passé quand même, grâce au sang-froid et aux bons poings de ces messieurs.
Le divorce de Zélie Louviers avait été prononcé ; elle était venue s’installer chez son frère, dans le vaste et luxueux appartement loué par le député collectiviste. Cet arrangement ne déplaisait pas trop à Prosper, sa sœur lui étant utile pour tenir sa maison et donner quelques réceptions. Ils s’entendaient assez bien, ayant généralement les mêmes goûts et les mêmes opinions. Si quelque discussion éclatait entre eux, Prosper disait froidement :
— Tu sais, rien ne t’empêche de t’en aller ailleurs. Je ne te retiens pas de force ici.
Et Zélie, qui appréciait à leur juste valeur le luxueux confort de l’installation de son frère et l’agrément d’un personnel nombreux et bien stylé, redevenait aussitôt souple et aimable.
Cet après-midi-là, elle se tenait dans le petit salon japonais — d’un japonais qui eût quelque peu étonné les habitants de l’empire du Soleil Levant. Mais ni Prosper ni Zélie ne regardaient de si près à l’exactitude. Il leur suffisait que l’aspect fût luxueux, chatoyant, coloré. La sobriété du goût et le sens artistique ne comptaient pas précisément au nombre de leurs facultés.
Zélie venait de rentrer d’une promenade dans l’auto que Prosper avait laissée aujourd’hui à sa