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LES DEUX FRATERNITÉS




CHAPITRE PREMIER


Il venait de s’arrêter devant le magasin d’un tapissier décorateur. Derrière l’immense vitre, sous la clarté intense et douce répandue par les ampoules électriques, des meubles étaient disposés avec art, de jolis meubles d’une élégance raffinée, chiffonniers de bois précieux aux incrustations légères, charmants petits bureaux bien faits pour les correspondances frivoles, fauteuils Louis XVI d’une grâce exquise, recouverts d’admirables soieries… Et d’autres soieries encore, d’un rose délicieusement passé, d’un vert très pâle, d’un blanc d’ivoire, des soieries brochées, d’autres rayées et semées de fleurettes, formaient un chatoyant et luxueux décor à cette exposition d’un des plus « selects » magasins des boulevards.

La lumière qui mettait en valeur toutes ces élégances éclairait aussi des pieds à la tête le curieux arrêté à la devanture. C’était un jeune homme, vêtu en ouvrier aisé. Grand et fort, il avait un visage accentué, une barbe brune