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LES DEUX FRATERNITÉS

— Tiens, c’est vrai. Oh ! ce n’est rien du tout, une égratignure ! Au revoir, Mariey, à dimanche prochain.

Cyprien reprit le chemin de son logis en compagnie de quelques camarades qui demeuraient aussi de ce côté. Il s’en alla tout droit chez Mlle Césarine, qui faisait la lecture à ses protégés, très attentifs.

Lorin, le père, était mort deux ans auparavant, mais les charges de Mlle Césarine n’avaient pas diminué pour cela, car elle s’était empressée de recueillir aussitôt une malheureuse petite fille percluse de tous ses membres.

Cyprien lui remit le petit paquet de M. de Mollens, qui contenait d’excellent chocolat pour les jeunes infirmes, puis il raconta l’emploi de leur après-midi.

Mlle  Césarine secoua la tête en murmurant :

— Ils veulent faire la nuit autour des pauvres âmes ignorantes. Quand je pense que ce Louviers, qui ose parler de fraternité, m’a dit un jour, autrefois : « Quelle bêtise, mademoiselle Césarine, de vous fatiguer comme ça pour des étrangers ! C’est moi qui les laisserais pourrir dans leur coin ! »

— Oh ! c’est bien ça, allez ! Il est tout de même, aujourd’hui, quand il vient faire le bon enfant devant « ses frères les prolétaires », et qu’il se moque d’eux par-derrière avec ses manières de gros bourgeois… Allons, au revoir, mademoiselle Césarine, je m’en vais vite pour rassurer Micheline, car elle était inquiète en me