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LES DEUX FRATERNITÉS

Des applaudissements éclatèrent, avec des cris de : « Vive Louviers ! Vive la sociale ! »

Souriant toujours, Prosper prit place sur une des chaises préparées sur l’estrade. Son regard, machinalement, tomba sur un point de la salle, celui où se trouvaient le marquis et ses compagnons.

Il pâlit, ses traits se crispèrent, tandis qu’une lueur de fureur et d’inquiétude traversait son regard.

Un pli profond barrait son front. Il cherchait.

Sur un geste d’appel, un ouvrier, jeune encore, grand blond à la mine intelligente et rusée, s’approcha de lui. Le député lui parla à l’oreille ; l’autre inclina plusieurs fois la tête en signe d’assentiment et s’en alla se perdre au milieu des auditeurs.

Le gros petit homme commençait son discours. Il était fait à souhait pour servir de repoussoir à Prosper Louviers, car son éloquence était aussi terne, aussi insignifiante que sa personne.

M. Hablin, qui maniait admirablement l’ironie, se contenta de lui lancer de temps à autre quelques répliques cinglantes qui égayèrent en général l’auditoire, peu charmé par les phrases sèches d’Alcide Goton. Seuls, quelques cris hostiles à l’adresse de l’interrupteur furent poussés par les plus exaltés des auditeurs.

C’était maintenant le tour de Louviers. Il se leva et s’avança, la tête haute, promenant sur la foule un regard dominateur et décidé, où un