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LES DEUX FRATERNITÉS

voudrais seulement trouver une bonne qui le soigne un peu convenablement ; celle-ci ne m’inspire pas très grande confiance.

— Envoie-le à la campagne, comme le mien.

— À propos, il va bien, ton Alexis ?

— Assez, oui. J’ai poussé jusque-là, il y a quelque temps, pour le voir… quoique, tu sais, les enfants, ça me laisse un peu indifférent.

Tout en parlant, le frère et la sœur descendaient l’escalier et arrivaient sous la voûte de la porte cochère. Un homme de haute taille, vêtu avec une correction distinguée, les croisa à ce moment. Prosper murmura :

— Tiens ! où ai-je vu cette tête-là ?

— Ce n’est probablement pas dans tes relations, mon cher, dit ironiquement Zélie. Celui-là est un aristo, et de la pire espèce. Toujours fourré dans les cercles catholiques, dans les patronages, dans les conférences. Il vient très souvent voir un vieil oncle, le vicomte d’Anville, qui habite au quatrième.

Et elle appuyait avec une intonation dédaigneuse sur ce mot « quatrième ». Dame ! quand on habite soi-même le premier étage !…

— Tu l’appelles ?

— Qui ?… Le neveu ?… Attends, que je cherche… De Mollens, je crois… Oui, le marquis de Mollens. C’est un bel homme, mais il a l’air fier. De quoi, je me le demande ? Ça voudrait toujours écraser les autres, ces gens-là !

Et, levant rageusement les épaules, Zélie s’avança vers l’auto arrêtée devant la porte. Son