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LES DEUX FRATERNITÉS

ment, je suis de force à lui tenir tête. Mais enfin, tu peux t’occuper de la chose si tu ne veux pas te trouver brouillé avec lui. Pour éviter les discussions, je m’en irai chez une de mes amies.

Prosper, tout en parlant, avait sorti de sa poche une boîte d’allumettes. Il alluma un cigare, en tira une bouffée et dit en regardant sa sœur, à demi enfoncée dans un fauteuil en une pose étudiée qu’elle croyait sans doute très aristocratique :

— Alors, tu ne veux pas essayer encore ? Morand a sa situation, il est riche…

— Peuh ! Riche ! Pas tant que ça ! dit dédaigneusement Zélie. Je trouverai facilement l’équivalent. Maintenant, surtout, que te voilà député, tu auras plus de relations, et je suis bien certaine de faire un beau mariage. Ne t’inquiète pas de moi.

— Oh ! ma foi, non ! Arrange-toi comme tu voudras, ça te regarde. Je t’offrirai l’hospitalité chez moi, si tu veux, en bon frère que je suis… Ah ! mais, et ton fils ?

— Je pense que Jules ne demandera pas mieux que de me le laisser. Ce sera pourtant une fameuse charge pour moi ! Tu tâcheras d’obtenir qu’il lui fasse une bonne pension, dis ?

— Tu vas m’en donner du tracas avec ton divorce ! Allons, ne parlons plus de ça, c’est assez pour aujourd’hui. Je reviendrai un de ces jours et nous en reparlerons… Va t’habiller, j’ai quelques courses à faire et je te conduirai ensuite où tu voudras.