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LES DEUX FRATERNITÉS

faire !… Quand je te dis qu’il me faut une voiture !

Morand eut un ricanement moqueur et s’éloigna avec un énergique haussement d’épaules.

— Je te conduirai dans la mienne, dit Prosper qui sirotait lentement son café.

Zélie posa brusquement sa serviette sur la table.

— Seras-tu là demain, après-demain et les autres jours ? C’est toujours la même chose : Monsieur se sert d’abord de l’auto… et puis je l’ai quand je n’en ai plus besoin ! J’en ai assez, à la fin !

Elle posa ses coudes sur la nappe et, le front entre ses mains, demeura silencieuse, les sourcils froncés, tandis que son frère vidait posément sa tasse.

Elle releva enfin la tête et dit :

— As-tu fini ?… Allons au salon, j’ai à te parler.

Il se leva et la suivit dans la pièce voisine, salon fort élégant, mais d’un goût assez contestable.

Zélie prit place dans un fauteuil, et son frère, s’asseyant en face d’elle, sortit un étui à cigares en disant :

— Vas-y. Il s’agit de… ?

— De cet imbécile de Jules, pardi ! Je te le répète, j’en ai assez ! Il faut que ça finisse ou bien nous nous prendrons aux cheveux. Alors je pense que, avant d’en arriver là…

— Il vaut mieux arranger les choses à l’amia-