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LES DEUX FRATERNITÉS

— J’y retourne ce soir, mais je suis venu prendre un peu l’air de Paris.

— En auto ?… Elle marche bien, ta nouvelle ?

— Une merveille !… Mais, dame, j’y ai mis le prix ! C’est ce qu’on fait de mieux pour le moment.

— Moi, je préfère les chevaux, ça a plus de genre, déclara Zélie d’un ton dédaigneux, tout en enlevant sa voilette et les épingles de son chapeau.

Jules Morand eut une sorte de rire silencieux, mais fort narquois, qui parut exaspérer sa femme.

— Oui, c’est bon, je l’aurai, ma voiture ! dit-elle entre ses dents serrées. J’arrive toujours à ce que je veux…

— Et moi, je ne fais que ce qui me plaît ! riposta Morand avec un regard de défi.

— Nous verrons bien ! dit froidement Zélie en tendant son chapeau à la femme de chambre qui semblait fort amusée de ce début de discussion.

— Allons, vous n’allez pas vous disputer pendant que je suis là, au moins ? grommela Prosper. Occupe-toi de déjeuner, Zélie, ce sera beaucoup plus utile pour le moment.

La jeune femme s’assit près de son frère, et celui-ci, pour éviter le retour d’une discussion entre les deux époux, se mit à narrer les péripéties de son élection, à raconter des anecdotes drôles, à parler de ses projets d’avenir.