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LES DEUX FRATERNITÉS

de là dans un large escalier garni d’un moelleux tapis. Au premier étage, il appuya longuement son doigt sur le timbre électrique.

Un des battants de la porte s’ouvrit, laissant apparaître une élégante femme de chambre.

— Madame est-elle là ?

— Madame n’est pas encore rentrée, monsieur. Mais Monsieur déjeune.

Tout en parlant, elle s’effaçait pour laisser entrer l’arrivant.

Il enleva sa pelisse et apparut en jaquette dernier genre. Il alla vers une porte, l’ouvrit et pénétra dans une salle à manger richement meublée.

Un homme grand et un peu corpulent, très blond, au visage extrêmement coloré, était assis devant la table élégamment servie. Il eut une exclamation à la vue de l’arrivant, et, se levant, vint vers lui, les mains tendues.

— Ah ! voilà notre triomphateur ! Salut, cher collègue ! Tu es content, hein ?

— Assez, mon vieux ! Ç’a été un peu dur, il a fallu forcer la note, multiplier les promesses et distribuer surtout un argent fou !

— Bah ! tu as de quoi, Louviers. Et te voilà arrivé maintenant. Tu déjeunes, n’est-ce pas ? Julienne, un couvert pour M. Louviers !

— Et Zélie ?

Jules Morand fronça ses gros sourcils blonds.

— Ne me parle pas de ta sœur, j’en ai par-dessus la tête ! grommela-t-il. Est-ce que je sais jamais où elle est, d’abord ? Elle rentre quand ça