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LES DEUX FRATERNITÉS

ment. Qu’est-ce que je vois ? Élu… Prosper-Julien Louviers, socialiste-collectiviste.

Aucune surprise ne se peignit sur la physionomie de Micheline, mais elle ne put retenir un léger éclat de rire.

— Ah ! le voilà qui reparaît ! Député ! rien que cela ! Il va bien, ton cousin ! Pendant que nous nous demandions ce qu’il était devenu, il faisait son chemin. Ah ! le fameux socialiste que celui-là ! Et pourtant il y aura encore des gens pour s’y laisser prendre.

— N’empêche que tout se sait et qu’il pourrait bien se trouver quelqu’un pour lui lancer au nez la jolie façon dont il a faussé compagnie aux frères et amis.

— Ah ! mon pauvre Cyprien, je ne sais comment cela se fait, mais rien n’ouvre les yeux à ces pauvres aveugles !

— Qui sait, à force ! Mais dis donc, je t’avais raconté hier que j’avais aperçu, dans une automobile très chic, une dame élégante qui ressemblait à Zélie. Ça pourrait bien être elle.

— C’est très possible. Allons, mets-toi à table, le déjeuner est prêt.

— Il faut d’abord que j’embrasse les petits. A-t-on été sage, hein, Louis, Lucien ?

Il donnait une caresse au petit garçon qui s’accrochait à son vêtement de travail et enlevait entre ses bras le cadet pour lui mettre un bon baiser sur le front.

— Et la petite n’a pas crié, ce matin ?

— Non, elle a été très tranquille aujourd’hui.