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LES DEUX FRATERNITÉS

— Quel ennui que ce dîner !

— Je suis de ton avis, ma chère Mad. Mais nous ne pouvions l’éviter sans froisser nos amis… Il est bien certain que je donnerais, comme toi, toutes les réunions mondaines pour nos petites soirées à deux ou nos réunions de famille. Mais, enfin, cela fait partie de nos devoirs.

— Oui, je le sais. Aussi n’était-ce qu’une simple réflexion de ma part. Cette petite corvée est bien peu de chose en comparaison de tant d’autres ennuis !… Et puis, je suis particulièrement contente aujourd’hui à cause de ce brave Cyprien Mariey.

— Il a dû trouver tout à l’heure mon petit mot d’avertissement et il est sans doute maintenant chez Mlle Laurent.

— Quelle charmante créature que cette Micheline ! Elle m’a positivement ravie ce matin par son sérieux, son courage et sa délicatesse d’âme. Quand j’ai commencé à lui parler de M. Mariey, elle est devenue toute rose. Je me suis dit : « Ce ne sera pas difficile… » Et pourtant ça n’a pas été si facile que cela. Elle m’opposait sa crainte que M. Mariey ne trouvât un jour trop lourde la charge de sa mère : « Et, voyez-vous, madame, c’est ma mère, je ne l’abandonnerai jamais… » Il faut voir devant soi cette malheureuse créature qui n’a plus d’humain que le nom pour comprendre ce que ces paroles contiennent d’abnégation et de grandeur. Je lui ai simplement répondu : « Permet-