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LES DEUX FRATERNITÉS

se discernaient les mots de « traître…, misérable repu » et s’éloigna avec un geste de colère.

— Ça va être une rude désillusion pour les copains qui écoutaient si bien ses belles phrases, dit en riant le tonnelier. Il va en tomber sur lui, des malédictions !

M. de Mollens eut un léger mouvement d’épaules.

— Il est comme tant d’autres, allez, mon ami !… tout disposé à partager tant qu’il n’avait rien. Mais s’il lui est venu de l’argent, il le tiendra ferme et saura le mettre à l’abri. Les gens généreux et désintéressés n’abondent pas… dans le socialisme surtout… Voyons, Mariey, donnez-moi ce renseignement… Ah ! mademoiselle Césarine, ma femme m’a chargé de quelques douceurs pour vos pauvres protégés. J’irai les leur porter dans un instant, si vous le voulez bien.

— Mais avec grand plaisir, monsieur. Je vais les prévenir, ils vont être ravis de vous voir.

Et la vieille fille se hâta vers son petit logement, tandis que le marquis se retirait un peu à l’écart pour entretenir Cyprien.

Son renseignement obtenu, M. de Mollens demanda, avec un geste discret vers le corps de logis qui lui faisait face :

— Est-ce que ce serait à la jolie blonde qui est entrée là que vous songez, mon cher Mariey ?

Cyprien rougit comme une jeune fille.

— Oui, c’est elle, monsieur, c’est Micheline Laurent.