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LES DEUX FRATERNITÉS

les-là seraient capables de me donner des ennuis s’ils voyaient que je leur joue comme ça la fille de l’air… Et puis, j’arriverai plus facilement à quelque chose en province.

— Et où irait-on alors ?

— Je crois que Lyon ferait l’affaire. Loriot habite là, il accepterait peut-être de me pousser.

— Va pour Lyon, si tu crois qu’il vaut mieux ça. Seulement, tu sais, si je m’ennuie, je te plante là et je reviens.

— Mais non, tu ne t’ennuieras pas ; on verra à s’amuser et à profiter de notre argent, ne crains rien… Et puis, tu auras une assez belle dot pour faire bientôt un chic mariage.

— Oh ! il me faudra quelqu’un de huppé ! dit-elle avec un dédaigneux mouvement de tête. Un futur préfet… ou un futur député…

— Eh ! tu es ambitieuse, comme moi ! dit Prosper avec une tape amicale sur l’épaule de sa sœur. Ça va bien, on arrivera, puisqu’on a de la galette… Alors, arrangeons notre petite affaire. Nous serons obligés de retourner encore travailler jusqu’à ce que nous ayons l’argent, parce que ça semblerait drôle, comprends-tu ?

Zélie plissa les lèvres.

— C’est sûr… mais ce que ça va être assommant ! Pense donc ! Être obligé de trimer toute la journée quand on est à moitié millionnaire !

— Ça ne sera pas très long, probablement. Et puis, quand le notaire sera bien sûr que nous sommes les héritiers, il nous avancera peut-être