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LES DEUX FRATERNITÉS

— Il me paraît impossible de le sauver… Seul, un grand bonheur pourrait ramener en lui le désir de vivre, sans lequel nous ne pouvons cependant espérer la guérison.

Tel avait été le diagnostic énoncé par le docteur, en présence de Micheline et de Suzanne qui lui demandaient son avis sur Alexis, quelques jours après la mort de Prosper.

Le jeune homme dépérissait d’une manière effrayante. Il avait seulement retrouvé un peu de force au lendemain de la mort de son père, pour chasser Jules Morand qui prétendait être le maître de la villa Lætitia. Il y avait eu entre eux une scène violente, à la fin de laquelle Morand, ivre de rage, avait clamé :

— Cette dame Mariey et sa fille savent ce qu’elles font ! Te voilà maître de trois beaux millions, elles ne les laisseront pas échapper, et tout ça ira à la calotte !

— Tant mieux, ce sera autant d’enlevé aux vautours de votre espèce ! avait riposté Alexis à qui Micheline n’avait pas laissé ignorer l’odieuse scène dont la chambre du mourant avait été le théâtre.

Morand s’était élancé furieusement sur l’infirme incapable de se défendre. Heureusement, Suzanne veillait dans la chambre voisine, elle avait appelé un domestique, et celui-ci, sur ordre d’Alexis, avait mis à la porte Jules Morand.

Après cette scène, Alexis s’était affaibli encore. Micheline et Suzanne ne le quittaient