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LES DEUX FRATERNITÉS

Prosper eut un soubresaut, il étendit les mains.

— J’ai peur ! Un prêtre !

— Hein ? Quoi ? s’écria Morand d’un air ahuri, tandis que son compagnon laissait échapper une exclamation de stupeur.

Micheline, le cœur bondissant d’émotion, se pencha vers le mourant.

— Je vais en chercher un, Dieu permettra que vous viviez jusque-là.

Elle s’avança vers la porte. Mais, d’un brusque mouvement, Morand se trouva devant elle.

— Ah ! non, vous n’allez pas nous jouer celle-là, par exemple ! Un prêtre ici ! Restez tranquille, madame, et laissez-le mourir en repos.

Les yeux de Micheline, étincelants d’indignation, se posèrent sur le visage impassible de Morand.

— En repos ? Mais c’est le repos que je vais lui chercher ! Vous n’auriez pas l’infamie d’empêcher le prêtre d’arriver jusqu’à lui ?

— Oh ! là ! là ! les grands mots ! Le prêtre, il s’en moque bien ! C’est vous qui lui avez mis ça dans l’idée. Mais rien que de voir la robe noire, il en passera de vie à trépas.

— Un prêtre ! redit la voix haletante.

— Laissez-moi passer, monsieur, vous n’avez pas le droit ! s’écria Micheline.

En même temps, elle essayait de l’écarter.

Mais il lui saisit brutalement le bras et la fit reculer.

— Ah ça ! vous m’embêtez ! Allez vous