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LES DEUX FRATERNITÉS

— Ne parlez pas de cela ! Pensez-vous donc que pour de l’argent… ? Oh ! non, non !

Une crispation de colère passa sur le visage de Prosper.

— Mon pauvre fils ! Je ne comprends pas que…

Une suffocation lui coupa la parole. Micheline appela la garde et renvoya Suzanne, pour qui elle craignait tant d’émotions. La jeune fille alla s’asseoir près d’Alexis, comme autrefois, et ils demeurèrent silencieux, épiant avec angoisse les bruits de la chambre voisine.

La respiration revenait à Prosper. Il fit signe à la garde de s’éloigner de nouveau et dit à Micheline :

— Restez près de moi, ce sera bientôt fini.

Bientôt fini ! Et cette âme allait paraître devant Dieu avec un formidable poids d’iniquités, avec l’épouvantable responsabilité des autres âmes que Prosper Louviers avait entraînées vers le mal !

Frémissante de terreur et de compassion, Micheline essaya de lui parler de Dieu. Il répondit avec fureur. Mais la douce voix de Micheline était sans doute bien persuasive, car il se calma peu à peu, sans paraître toutefois vouloir se laisser convaincre.

— Vous avez pourtant été baptisé, Prosper ; vous avez fait votre première communion.

— Oui, mais le père me disait toujours que c’étaient des bêtises… et puis, c’est trop gênant,