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LES DEUX FRATERNITÉS

à la vitre de la salle à manger et échangeait un sourire avec sa mère.

Pour la cinquième fois, Suzanne faisait son petit va-et-vient et se préparait enfin à rentrer, lorsqu’elle aperçut de loin deux silhouettes qu’elle reconnut aussitôt. Ce devaient être Mme de Mollens et sa fille aînée.

Suzanne avait réussi à dominer l’impression pénible que lui causait la vue d’un des membres de la famille de Mollens. Maintenant, elle était même satisfaite de voir la marquise ou ses filles, très aimables, très affectueuses toujours à son égard.

Aussi s’empressa-t-elle d’aller au-devant d’elles. Dès le premier abord, elle remarqua qu’elles semblaient en proie à une certaine émotion.

— Ah ! vous vous promenez un peu, ma chère enfant, dit Mme de Mollens en lui tendant la main. Voilà qui est tout à fait bien, et maintenant l’amélioration va marcher à pas de géant. Mais vous nous voyez tout émues, ma petite Suzanne ! Je viens d’apprendre un effroyable accident arrivé à des voisins.

— Vraiment ! À qui donc, madame ? demanda Suzanne avec intérêt.

La marquise hésita un peu en enveloppant du regard le visage encore fatigué de la jeune fille.

— Soyez courageuse, mon enfant. Il est toujours pénible de penser que des gens avec qui l’on a vécu sont morts de telle façon, sans avoir pu se reconnaître, les malheureux !