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CHAPITRE XX


Suzanne savait maintenant qu’elle avait retrouvé sa mère. Et devant l’immense bonheur témoigné par la physionomie de la jeune fille à cette révélation, Micheline comprit combien la pauvre enfant avait été privée de tendresse, combien il lui serait facile de s’attacher le cœur de sa fille. Tout d’abord, elle n’avait rien dit du rôle joué par Prosper dans la disparition de l’enfant. Mais les questions de Suzanne, son étonnement du silence du député, l’avaient obligée à tout révéler à la jeune fille.

— Oh ! le misérable ! s’était écriée Suzanne. Et, pour comble d’hypocrisie, il m’humiliait sans cesse en me rappelant ses bienfaits, il voulait m’obliger à devenir la femme de son fils !

Elle avait raconté à sa mère sa pénible existence près de l’infirme despotique et jaloux ; elle lui avait laissé voir tous ses sentiments — tous, sauf un que soupçonnait cependant Micheline. Celle-ci avait suivi pas à pas les souffrances, les révoltes, les aspirations vers le bonheur de cette